Elle est pas belle la vie

Publié le par Thibault

"J'ai marché au hasard
 Le soir était tombé
 Avec mon sac et ma guitare
 J'étais un peu fatigué"

 JJ Goldman - Bonne idée


 Malo le lei !

 Beaucoup de choses se sont passées depuis le dernier article posté sur ce blog, et peu de répit m'a été accordé pour les coucher sur écran. Je profite d'une après-midi calme pour remettre mes idées en ordre avant une sieste nécessaire.

 Je crois me souvenir que nous étions alors à Niuatoputapu ; les jours qui suivirent furent nagés, promenés, plongés. Nous avons parcouru le village avec Arnaud pour y rencontrer les deux petits caïds qui figurent sur une des photos : hauts comme trois pommes, l'un a deux couettes, et tous deux portent un lance-pierres avec lequel ils font régner la terreur. Trop drôles ! Nous avons partagé une soirée chez Nico où j'ai rencontré William qui travaille plusieurs mois par an en Nouvelle-Zélande, dans le bâtiment ou comme ouvrier agricole, avant de rentrer fumer des pétards au pays. Le lendemain, une paire d'heures consacrées à recoudre la grand-voile de Nan-Fong, largement déchirée sur quatre coutures, et le temps avait filé.

 Nous avons salué les trois autres bateaux dont nous nous écartons, puisqu'eux mettent le cap sur Wallis. Quelques milles à couvrir pour mouiller au soir au pied du volcan qui fait face à Niuatoputapu ; quelques dizaines d'habitants pour en peupler les flancs. Sa végétation luxuriante semble abriter des êtres étranges. Malgré sa domination sur les flots, les vagues qui cassent sur sa plage mince le rendent fragile. Et après avoir longuement plongé avec le fusil je remontai à bord et aperçus Pélagos sous voiles dans le lointain, déjà tourné vers l'Ouest, entrant seul dans les ténèbres.

 Nous partîmes dans la nuit. Grâce à des vents favorables la navigation se déroula sans encombres et une trentaine d'heures suffirent à couvrir les cent soixante dix milles qui nous séparaient des Samoa Occidentales. Nous eûmes l'agréable surprise de prendre deux poissons non identifiés à la traîne en vue des côtes, que je préparai aussitôt.

 Les formalités nous prirent peu de temps et d'énergie, à l'exception de l'officier du bureau de l'immigration qui doutait de l'auhenticité du passeport d'Arnaud. Il lui tint à peu près ce language :

 "-Vous êtes sûr que c'est votre passeport ?
  -... Oui.
  -Assez sûr pour que je ne l'emmène pas au bureau pour vérifier ?
  -Okay, faites ce que vous voulez."

 Sur ce la paresse prit le pas sur la bêtise et il cessa d'agir de manière absurde.

 Nous laissâmes le bateau pendant deux jours pour explorer l'île, sac au dos. Visite de courtoisie à R.L. Stevenson, enterré sur les hauteurs d'Apia : puis un camion nous prit en stop dans sa benne et entama l'ascension des montagnes qui coupent l'île d'Upolu en deux parties. Quelle plaisir surprenant de sentir l'air s'adoucir, lancés à vive allure après avoir longuement marché ; d'être caressé par la pluie fine et fraîche au bord d'un paysage changeant. Là-haut, c'étaient les pâturages clôturés et d'innombrables vaches ; un bocage tropical égayé de cocotiers, de pâtres et de ruisseaux. L'océan dissimulé par les forêts faisait douter de son existence alors j'en profitais pour me croire en un pays imaginaire.

 Ce soir-là, nous eûmes la chance de bivouaquer au bord d'une plage déserte. J'installai mon hamac avec soin pour m'y caler en début de soirée. La nuit passa dans l'incertitude d'un orage - mais le vent se levait pour éloigner les nuages et au matin je le remerciai chaudement.

  Lorsque nous regagnâmes le bord, l'impression d'être parti plusieurs semaines me frappa. Nous rencontrâmes nos nouveaux voisins, David et sa fille Sarah, deux australiens. Nous profitâmes d'avoir exceptionnellement accès à l'eau et l'éléctricité pour remettre le bateau à neuf ; je lavai la totalité de mon parc vestimentaire, à savoir pas grand-chose. Puis l'heure du match de rugby France vs. Nouvelle-Zélande sonna : c'est dans un bar sympa que nous représentâmes vaillamment le XV français, soutenus par nos voisins australiens ainsi que Tim et Sarah, frère et soeur venus surfer depuis Sydney. Le troquet était largement acquis à la cause des Blacks, ce qui ne fit que stimuler notre patriotisme. Bien nous en prit, car ce soir-là la victoire était bleue. Les néo-zélandais nous félicitèrent comme si nous avions joué. Nous n'en demandions pas tant, et pour ne vexer personne, je décidai d'accepter docilement les verres qu'on me tendait. La suite est un peu confuse, et se compose dans le désordre de Rasmus, un danois ; Ben, un néo-zélandais ; Austin, un américain d'une vingtaine d'années vivant sur un bateau de pêche sportive. Il fallut nous mettre dehors, ravis d'une belle fête, amoureux des nuits du Sud.

 Le lendemain, le décollage pour l'île de Savaii fut aussi douloureux que prévu. Heureusement les dauphins m'écarquillèrent les yeux à la sortie du port. Quelques heures plus tard nous aperçûmes l'oiseau blanc qui annonce la présence de mahi-mahi (daurade coryphène). Le roi des poissons mordit effectivement à l'hameçon ; fit des bonds monumentaux à une centaine de mètres de la poupe, puis se débattit comme un beau diable, malgré tous nos efforts destinés à l'épuiser. J'en découpai bientôt de larges darnes, l'âme reconnaissante de cette belle prise (une dizaine de kilos). Il était trop gros pour nous, et en arrivant sur Savaii, nous pûmes le partager avec des habitants du coin contre un tas de sourires.

 Elle est pas belle la vie ?!..

 Thibault.
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T
Salut Thib,<br /> <br /> Si tu es en panne de citation, j'ai des génies à te proposer en commençant par Notre cher Frankie Vincent toujours au top, il vient de sortir son nouveau tube "oui oui oui tu veux mon zizi" avec un texte bien "léché":<br /> <br /> "Viens ce soir dans ma demeure<br /> Tu auras toute ma chaleur<br /> Viens ce soir dans ma cabane<br /> Tu ne connaîtras pas la panne<br /> Viens ce soir dans ma bicoque<br /> Toi la poule et moi le coq<br /> Viens ce soir dans ma villa<br /> Tu verras, tu reviendras"<br /> <br /> Autre nouveau tube dont on a le secret en France Lyloo avec "Mon tel":<br /> <br /> "Quand mon tel fait ding ding dong<br /> Ça m’rend tellement dingue dingue dingue<br /> De mon phone j’suis love love love<br /> Mon cœur fait bing bing bong"<br /> <br /> Parfois mieux vaut être loin de tout ça!!!!<br /> <br /> Bisous mon poulet!!!
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P
Bonjour Thibault,<br /> Quelle chance d'avoir vu ce match de rugby et avec ce résultat ! Si tu sais cuisiner le poisson, comme on peut le comprendre, je suis impatient de te voir aux fourneaux !<br /> Je t'embrasse fort.<br /> Papa
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