Toucher à çi et toucher à ça
"C'est pour elle que j'ai quitté ma maison, pour elle que j'ai revêtu ce costume, afin de la suivre en tous lieux, comme la flèche suit son but et le marin l'étoile polaire."
Miguel de Cervantes - Don Quichotte de la Manche
Malo le lei,
Une île un peu perdue au nord du Royaume de Tonga. Un mouillage calme dans le lagon de la côte sous le vent. Du côté océan, un volcan : caricature cônique, un peu trop géométrique, démesurément élevée, d'un noir exagéré. Du côté du rivage, un village endormi. Quelques chevaux paissant ça et là. De petites huttes au toit recouvert de larges feuilles de palmes. Le soir venu, des feux allumés de proche en proche sur la plage trahissent les habitants. Des henissements dans l'obscurité. Les coups sonores du maréchal-ferrant au petit matin, le chant des coqs. La houle qui brise sur le récif et son roulement continu apporté par le vent.
Voilà seulement deux jours que nous sommes à Niuatoputapu, et la tradition d'accueil maorie est déjà largement respectée. Nous avons rencontré l'un des deux policiers de l'île qui nous a emmené visiter la geôle. Je me suis enfermé dans la cellule humide et sombre pendant quelques minutes, et je dois dire qu'à ma sortie de taule j'étais devenu l'apôtre des bienfaits de la légalité. Nous avons pu faire une photo sur sa moto, mais gyrophare éteint. Nous avons eu l'honneur de rencontrer la famille de ce gardien de la paix : femmes, enfants, tous souriants et gazouillants. Il a tenu à nous faire visiter son jardin dans lequel chauffait une marmite remplie d'algues. Puis au moment de prendre congé, il nous a offert, à Arnaud et moi, un badge de la police des Tonga. Nous l'avons reçu avec honneur et étonnement, et un peu de déception lorsqu'il nous a appris que cela ne nous autorisait pas à distribuer des prunes.
J'ai également rencontré un marin de l'unique bateau de pêche à quai, qui vient de Tongatapu, à trois jours dans le Sud. L'un des membres de l'équipage semble être originaire d'ici, alors ils relâchent pour qu'il voie sa famille. Hier soir, ils ont vendu des ailerons de requin au chinois de l'île qui paraît avoir la mainmise sur le commerce. Peut-être s'en servira-t-il pour la pharmacopée, ou dans une soupe. Malheureusement pour les requins, il paraît que c'est délicieux.
Ce matin nous sommes allés chasser avec Elian, JM et Arnaud. Je suis revenu bredouille, mais j'ai croisé un couple d'énormes raies-léopards et une tortue qui s'est approchée par curiosité. Inoubliable !
Ce soir, nous sommes invités chez deux locaux. J'ai croisé tout à l'heure le mari qui en prévision est allé à la chasse armé d'une carabine. Il en a rapporté quatre oiseaux ; la critique culinaire au prochain épisode.
Thibault.
Miguel de Cervantes - Don Quichotte de la Manche
Malo le lei,
Une île un peu perdue au nord du Royaume de Tonga. Un mouillage calme dans le lagon de la côte sous le vent. Du côté océan, un volcan : caricature cônique, un peu trop géométrique, démesurément élevée, d'un noir exagéré. Du côté du rivage, un village endormi. Quelques chevaux paissant ça et là. De petites huttes au toit recouvert de larges feuilles de palmes. Le soir venu, des feux allumés de proche en proche sur la plage trahissent les habitants. Des henissements dans l'obscurité. Les coups sonores du maréchal-ferrant au petit matin, le chant des coqs. La houle qui brise sur le récif et son roulement continu apporté par le vent.
Voilà seulement deux jours que nous sommes à Niuatoputapu, et la tradition d'accueil maorie est déjà largement respectée. Nous avons rencontré l'un des deux policiers de l'île qui nous a emmené visiter la geôle. Je me suis enfermé dans la cellule humide et sombre pendant quelques minutes, et je dois dire qu'à ma sortie de taule j'étais devenu l'apôtre des bienfaits de la légalité. Nous avons pu faire une photo sur sa moto, mais gyrophare éteint. Nous avons eu l'honneur de rencontrer la famille de ce gardien de la paix : femmes, enfants, tous souriants et gazouillants. Il a tenu à nous faire visiter son jardin dans lequel chauffait une marmite remplie d'algues. Puis au moment de prendre congé, il nous a offert, à Arnaud et moi, un badge de la police des Tonga. Nous l'avons reçu avec honneur et étonnement, et un peu de déception lorsqu'il nous a appris que cela ne nous autorisait pas à distribuer des prunes.
J'ai également rencontré un marin de l'unique bateau de pêche à quai, qui vient de Tongatapu, à trois jours dans le Sud. L'un des membres de l'équipage semble être originaire d'ici, alors ils relâchent pour qu'il voie sa famille. Hier soir, ils ont vendu des ailerons de requin au chinois de l'île qui paraît avoir la mainmise sur le commerce. Peut-être s'en servira-t-il pour la pharmacopée, ou dans une soupe. Malheureusement pour les requins, il paraît que c'est délicieux.
Ce matin nous sommes allés chasser avec Elian, JM et Arnaud. Je suis revenu bredouille, mais j'ai croisé un couple d'énormes raies-léopards et une tortue qui s'est approchée par curiosité. Inoubliable !
Ce soir, nous sommes invités chez deux locaux. J'ai croisé tout à l'heure le mari qui en prévision est allé à la chasse armé d'une carabine. Il en a rapporté quatre oiseaux ; la critique culinaire au prochain épisode.
Thibault.